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SEMAINE 11 : Bien au chaud à Mardin, suivi d'un texte d'Anna « un verre de çay».



Cinq nuits dans la même ville avec un bon lit et une douche : le rêve du voyageur avant que l'envie de pédaler ne le reprenne. C'est la bonne époque pour être ici car l'été les températures sont très chaudes. Maintenant il fait 30-35°C ce qui est chaud mais agréable. Nous avons eu deux jours de vent du désert de Syrie qui a brouillé le paysage et apporté beaucoup de poussière.




Mardin est la ville historique du sud-est de la Turquie à deux pas de la frontière syrienne. Nous sommes en Mésopotamie entre le Tigre et l'Euphrate des noms qui nous faisaient rêver en cours d'histoire. D'après notre guide touristique, Mardin est avec Jérusalem et Venise, l'une des trois villes dont l'architecture historique est la mieux conservée du monde. Mardin a accueilli pendant 7000 ans de nombreuses civilisations avec diverses religions sur la route de la soie et de la plaine fertile de la Mésopotamie. Elle est candidate à l'inscription sur la liste du patrimoine de l'Unesco.




Elle a gardé son dynamisme commercial et de nombreuses boutiques répondent à la demande des clients.




On ne pouvait pas rêver mieux pour faire notre pause.

Nous décidons, une fois n'est pas coutume et sur le conseil des cyclistes rencontrés avant d'arriver à Mardin de prendre un guide : Vedat nous propose un circuit en voiture sur une journée et il va nous faire découvrir les sites majeurs de la région.




Le site historique de Dara, situé à 30 km de la ville nous a impressionné. C'est l 'un des vestiges les plus importants de la Mésopotamie. Cette ville a été fondée par l'empereur Anastase (491-518) comme ville de garnison pour défendre les frontières orientales de l'Empire romain d'Orient contre les Sassanides. Nous avons visité la nécropole qui est creusée dans le rocher et qui abrite une grande quantité de tombes. C'était un lieu pour les cérémonies de résurrection durant l'époque romaine. Elles abritent les ossements de plus de 3000 personnes qui pensaient un jour retrouver la vie. Plus loin dans le village, nous admirons une des trois grandes citernes située sous une église et nous cheminons dans l'ancienne acropole avec les vestiges encore nombreux de cette ville où nombre de voyageurs s'arrêtaient.

C'est gigantesque !




Puis Vedat nous emmène à la frontière syrienne à Nusaybin où nous visitons la plus ancienne université du monde. Nous prenons le thé face à la frontière qui est complètement fermée. Comme beaucoup ici sans doute, depuis 12 ans, Vedat a de la famille qui vit en Syrie et qu'il ne peut pas voir. Nous sommes tristes de voir ces murs érigés entre les peuples sur l'ordre des dirigeants et qui ne leur permettent pas de vivre sereinement.





Puis nous profitons de ces quelques jours, pour ne pas faire grand chose mais aussi nous balader en ville, manger au restaurant, remettre les vélos en état et la lessive à la main.



La suite de notre voyage se poursuit en Turquie, nous avions pensé aller à Chypre mais ce ne sera pas possible car à cette époque de l'année aucun bateau ne peut nous amener en Grèce ensuite. Le voyage à vélo, c'est aussi cela, il faut s'adapter. Nous reprenons la route direction la ville de la pistache Gazientep puis la Cappadoce.


Anna la cycliste italienne rencontrée sur le bord de la route a écrit un texte sur son blog qui nous parle et nous souhaitons vous le partager (traduit de l'anglais).



« Mes chers habitants des pays occidentaux, c'est peut-être vous faire la morale ce n'est pas le cas. Et si ce n'est pas le cas, cela vaut peut-être la peine d'écrire et de lire cet article. Ça va être un peu différent de mes posts habituels mais le sujet m'est cher, alors s'il vous plait soyez indulgent avec moi.

Je fais du vélo depuis maintenant cinq mois, passant par l'Europe de l'Est, les Balkans et la Turquie. Depuis le début, j'ai rencontré tellement de gens qui m'ont aidé d'une manière ou d'une autre, m'ont donné à manger après une dure journée de vélo, une boisson fraîche quand le soleil brûlait, un lit pour la nuit ou du pain pour le trajet. Qui m'a souri, qui m'a fait signe de la main, qui m'a crié des choses que je ne comprenais pas toujours mais qui me semblaient amicales bref : qui m'a donné le sentiment d'être la bienvenue (nb. ce n'est pas qu'un sentiment, les gens crient souvent littéralement "bienvenue " de leurs magasins et voitures et dans la rue)


Et depuis cinq mois maintenant, je me demande ce que ce serait si la même chose arrivait aux personnes qui viennent de l'étranger en Europe occidentale.


Je me considère comme une personne ouverte d'esprit, de gauche, (remplacez par un mot générique pour vous sentir bien dans votre peau). Mais rétrospectivement, je remarque que j'ai mes préjugés ou plus précisément, que même si je n'ai rien ou ne dis rien contre les gens venant d'autres pays, je n'interagis pas beaucoup avec eux. Je les ignore la plupart du temps et ne montre aucun intérêt pour leur culture ou leurs histoires. Et cette prise de conscience fait mal car c'est le contraire de ce que je vis à l'étranger. Bien sûr, c'est plus nuancé que cela et nous pouvons avoir de longues discussions sur ce sujet (ce que je suis heureuse d'avoir), et je ne veux pas prêcher pour ma chapelle imaginaire au sens littéral. Pour l'instant, je demande une chose simple et fondamentale.


Rendez-moi service et la prochaine fois que vous voyez un chauffeur de camion, un chauffeur de taxi ou une femme de ménage qui a un peu d'accent, un nom à consonance étrangère ou un teint différent, ne les voyez pas comme "encore un autre" . Mais essayez de les voir comme l'être humain qu'ils sont. Avec leurs propres traditions, coutumes, recettes qu'ils ont apprises de leur grand-mère, et avec le souvenir d'un paysage qu'ils connaissent et qu'ils ont décidé (ou ont dû) quitter à un moment donné.


Et s'il vous arrive de rencontrer quelqu'un qui n'est pas originaire de l'endroit où vous habitez en ce moment, accueillez-le ! Invitez-les à prendre un café, un thé, une bière - cela n'a pas d'importance (mais demandez peut-être avant s'ils aiment ces boissons). Discutez! Vous apprendrez très probablement quelque chose d'intéressant et de nouveau. Ou souriez, cela est gratuit !

Ainsi, pour chaque çai que je reçois ici en Turquie, pour chaque fruit que je reçois en cadeau, et pour chaque signe de main amical que je reçois du bord de la route, quelqu'un reçoit quelque chose de similaire en retour. Non pas parce que vous avez de l'argent et que l'autre n'en a pas, mais par simple gentillesse et hospitalité. Parce que se sentir bienvenu dans un endroit que vous n'appelez pas encore chez vous ou où vous essayez de vous sentir chez vous mais que vous n'arrivez pas à comprendre comment, est une chose précieuse. Parce que nous sommes tous parfois cette personne loin de chez nous - je suis cette personne maintenant - et je peux vous assurer qu'il est parfois bon d'avoir un verre de çai à se raccrocher. »

Anna Palmann









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