La Cappadoce en Turquie tout le monde en parle comme d'un site majeur et exceptionnel, c'est notre troisième séjour dans ce pays et nous n'avons jamais pu nous y rendre. Cette fois sera la bonne mais il faut la rejoindre. Nous sommes à Gaziantep au sud et il nous faut aller au centre de la Turquie, à vélo c'est encore plus de 440km à parcourir et 5000m de dénivelé, nous allons prendre le bus. Nous avions échangé sur ce mode de transport avec Zehra (la semaine précédente) en lui disant que nous pourrions, en France, prendre modèle sur leur système de transport de bus. Elle avait été surprise et heureuse de voir que son pays pouvait être un modèle pour un autre. La Turquie possède un extraordinaire réseau en bus, ceux qui relient les grandes villes et des plus petits qui desservent les petits villages, tous sont capables de s'arrêter sur le bord de la route pour prendre ou descendre une personne. Dans les villes ils partent des « otogar » qui sont souvent en périphérie et reliés à la ville par des taxis ou des petits bus.
Ces « otogar » sont immenses dans les grandes villes, toilette, zone d'attente, restaurants et nombreux guichets de différentes compagnies (jusqu'à 50) c'est impressionnant ! Toutes les villes de Turquie sont reliées parfois en direct et pour quelques euros (pour 54 euros avec nos vélos nous allons faire 450km). Les bus sont modernes et très confortables, trois places sur la largeur ce qu'ils appellent 2+1 et suivant les compagnies une collation peut être offerte à chaque nouveau départ d'un « otogar », café, çay, gâteau, eau. Il peut y avoir plusieurs chauffeurs suivant la distance et toujours une personne hôtesse de bus qui va s'occuper des clients. C'est un moyen de transport efficace assuré par des compagnies privées. Après Kulu-Konya, de nuit nous ferons Konya -Marnaris (58€ pour 900km) en 10h. Ce mode de transport est très utilisé par les turcs l'essence est très chère ici proportionnellement aux revenus 1,36€/l pour une salaire moyen à 250€. C'est autant de voitures en moins sur la route.
La Cappadoce est la région emblématique de la Turquie après Istanbul. Elle est réputée pour ses cheminées de fées et ses grandes vallées dont les falaises taillées peuvent être encore habitées. Cette pierre tendre est facile à creuser ce qui a permis à des habitants dès l'âge de bronze de venir s'y réfugier. Ensuite ce lieu a été utilisé comme refuge par les premiers chrétiens ce qui explique la présence d'églises troglodytes.
C'est un paysage grandiose qui s'étend sur une région entière. Installés pour deux nuits dans le camping Panorama qui surplombe la ville de Goreme, nous y rencontrons un couple de Belges qui voyage depuis six mois.
Nous partons randonner dans la vallée de l'amour, puis la vallée rose et rouge. Nous visitons également le village musée de Zelve.
Puis nous nous dirigeons vers la ville souterraine de Kaymakli qui a été creusé dans la roche sur huit étages et a abrité jusqu'à 5000 personnes au moment des différentes invasions avant 1500. On descend les étages en empruntant des tous petits tunnels. Tout est prévu pour y vivre, la circulation de l'air, la fermeture des portes avec des pierres énormes, le téléphone arabe à travers des trous. C'est un vrai gruyère. Les morts étaient embaumés et momifiés pour ne pas sentir et apporter de maladies.
Pour les touristes, la Cappadoce est également réputée pour ses envols de montgolfières au lever du jour, qui offre un moment féerique. Avant le lever du soleil, dans la tente nous entendons un énorme grondement créé par le gonflage des centaines de montgolfières. Il est temps de se lever.
Notre voyage continue, nous allons quitter la Turquie pour rejoindre les îles grecques et retrouver un peu de chaleur. Nous allons rejoindre Marmaris en bus. Nous décidons de passer par Tuz Gulu le deuxième plus grand lac de Turquie qui est un lac salé.
Nous traversons une région où la culture principale est celle de grosses courges jaunes cultivées uniquement pour leurs pépins qui seront séchés et grillés. Nous apercevons dans les falaises d'immenses portails et de nombreuses cheminées disséminées. Ce sont des caves de stockage de pommes de terre.
Au bord du lac salé nous faisons une nuit au milieu de nulle part. En compagnie du vent qui secoue un peu la tente.
Pour prendre le bus, nous rejoignons Kulu qui est une petite ville « mignonette » et animée. Le soleil d'automne la rend lumineuse. Nous prenons le thé avec Hassan qui parle anglais et qui a vécu 7 ans au Canada britannique. Il possède une boutique de céréales en semi-gros. Une rencontre comme nous en avons connu de nombreuses dans ce pays, juste le plaisir d'échanger autour d'un çay.
Aujourd'hui dimanche, nous sommes à Marmaris, ville touristique de bord de mer ce qui nous change des lieux parcourus pendant notre voyage en Turquie. Avec ses bars, ses terrasses, ses yachts elle attirent beaucoup de touristes turcs mais aussi britanniques et russes. Elle est encombrée de scooters ce qui est pour nous une première en Turquie.
Après 4000 km de voyage à vélo, la Turquie est le quatrième pays visité dans lequel nous sommes restés six semaines. Nous garderons en mémoire avec nostalgie : l'accueil et la bienveillance de sa population, le thé, les coups de klaxons, les arrêts de voitures pour nous interpeller et savoir d'où nous venons et où nous allons, si nous avons besoin d'aide, nous donner un fruit, nous inviter chez eux...
Nous garderons en mémoire tous ces paysages qui nous ont enchantés, montagnes, plaines, canyons... sa richesse historique marqué par les différentes civilisations et cultures qui se sont croisées, affrontées ici entre l'Europe et l'Asie. C'est un pays musulman où la religion est très pratiquée et rythme la vie de ses habitants avec beaucoup de tolérance, nous sommes loin des clichés islamistes parfois mis en avant par les politiques et les médias dans un amalgame de musulmans et d'islamistes.
Ce pays dynamique connaît actuellement une crise économique très difficile (presque 100% d'inflation), la population est jeune et aspire comme nous à vivre mieux, à avoir des rêves et à voyager. Nous espérons que cela devienne réalité.
Pour ceux qui peuvent, un conseil, prenez votre vélo et allez-y !
Pour nous le voyage continue, demain nous prenons le ferry et arriverons sur l'île grecque de Rhodes.
Trop beau
Bonjour
"Petits Agneaux" merci pour tous ces textes et images toujours + jolis les uns que les autres, c'est vrai que pour ceux qui peuvent, vrais joies de de partir découvrir ces contrées.