Trois jours à Istanbul : on aurait pu rester plus longtemps, il y a tellement de choses à voir. Comme de bons touristes nous avons visité Sainte-Sophie, la Mosquée Bleue mais aussi la Mosquée Soliman le Magnifique qui est vraiment magnifique. Entrer dans une mosquée impose un rituel, il faut retirer ses chaussures, ne pas avoir les jambes nues et mettre un foulard pour les femmes. La construction grandiose en marbre de différentes couleurs supporte une immense coupole peinte.
L'intérieur est lumineux et laisse passer le soleil à travers les fenêtres et les vitraux.
Le sol est entièrement recouvert d'un tapis où il est agréable de s'asseoir pour y passer un peu de temps.
Dans ces mosquées visitées par les touristes il y a espace pour les visiteurs et un espace pour la prière. Une fois la prière achevée, les hommes se retrouvent pour discuter, lire le Coran, ou regarder ses mails et textos. Mais les femmes ? Elles n'ont pas le droit de prier avec les hommes, pour eux c'est le grand espace plusieurs centaines de mètres carrés, pour elles quelques mètres carrés derrière les paravents.
Nous sommes dans une culture où le genre définit souvent sa place dans la société et dans la famille. Ce que nous aimons c'est flâner dans les rues, changer de quartier. Dans celui de Fati on passe du quartier bobo au quartier traditionaliste en l'espace d'une rue. Les femmes sont habillées tout en noir on voit à peine leurs visages et les hommes portent le turban.
Quelle joie de retrouver Fred et Sabrina nos amis Suisses accompagnés de Josiane, la maman de Sabrina qui les avait rejoints pour quelques jours. Le voyage est l'occasion de nombreuses rencontres avec les gens du pays mais aussi des cyclistes et on a toujours plaisir à partager. Lundi soir nous nous sommes retrouvés au restaurant avec Juliette et Antoine qui ont voyagé avec Sabrina et Fred pendant 3 semaines. Ce sont deux jeunes grenoblois, mais pour eux le voyage est fini, ils reprennent le travail ce lundi 12. On leur souhaite bon courage pour cette reprise ! Istanbul et une très grande ville de 15 millions d'habitants et se déplacer à vélo n'est pas une mince affaire.
Nous avons choisi d'utiliser le ferry de Yalova qui permet d'arriver dans le centre historique d'Istanbul. Pour en sortir nous pensions prendre le train ou le bus mais nous nous sommes rendus compte que les gares nous obligeaient à faire une vingtaine de kilomètres dans la ville. C'est donc en ferry que nous irons à Brandirma pour ensuite rejoindre en quatre jours Edirne à la frontière avec la Bulgarie. Même si les Istanbuliotes sont très sympathiques et accueillants, dans une ville comme Istanbul on est un touriste parmi tant d'autres et considérés comme tels. C'est la différence avec le reste de notre voyage qui sera encore marqué par l'accueil chaleureux quand on arrive dans les villages.
Jeudi soir après avoir roulé de nombreux kilomètres sur une grosse route (2x2 voies) nous décidons d'en sortir, nous trouvons un coin pique-nique avec des tables, de l'eau et des WC ce qui est super pour nous campeurs. On s'installe tranquillement, on commence à manger, quelqu'un arrive et nous invite à venir manger des poissons grillés sur le feu de bois au barbecue ou frits. Ils sont quatre, nous passons une bonne soirée à discuter autour d'une bonne bière. Le jeune qui parle anglais, nous précise qu'il est campeur, qu'il aime voyager en stop et qu'il ne veut pas mourir avant d'avoir fait le tour du monde. Nous non plus...
Le lendemain, nous avons le choix entre la grosse route plutôt plate ou 700m de dénivelé. Nous choisissons le dénivelé, nous traversons des petits villages les paysages sont magnifiques et lorsqu'on s'arrête pour prendre le thé le jeune qui nous accueille nous l'offre et après avoir échangé avec google trad il nous dit avant de partir : « pour moi c'est une bonne journée parce que je vous ai rencontrés ».
Nous traversons grâce à un bac le détroit des Dardanelles haut lieu stratégique pendant la première et la seconde guerre mondiale. Il sépare l'Europe de l'Asie et permet aux bateaux de sortir de la mer Marmara pour rejoindre la mer Egée. Mon grand-père Gustave Ageneau était venu ici pendant la guerre 14-18. Il avait débarqué à Thessalonique avec son régiment pour « sécuriser » les lieux. J'aimerais bien aujourd'hui qu'il soit encore là pour lui poser quelques questions. On s'interroge sur le déplacement de tous ces poilus à 4000km de chez eux pour participer à des combats, sans l'avoir choisi, et dont ils ne connaissaient sans doute pas les enjeux. Les grands cimetières témoignent qu'ils sont nombreux à en avoir subi les conséquences. Il a eu la chance d'en revenir.
Dimanche soir, 20 km avant Edirne nous décidons de camper, le temps est très beau, nous faisons un arrêt au market pour faire quelques courses pour notre repas de crêpes (il n'y a pas de confitures, pas de jambon, pas de sucre...). Nous croisons deux cyclistes et après les traditionnelles questions nous leur expliquons que nous cherchons un coin pour camper. Ils ne sont pas du village mais vont tout faire pour nous trouver une solution, nous nous retrouvons dans le club House du foot, un peu poussiéreux mais au chaud car on nous apporte un chauffage.
Dans nos derniers kilomètres en Turquie la région que nous traversons est très rurale et nous constatons que les champs sont agrandis en arrachant les derniers arbres qui restaient et qui sont brûlés sur place. Ce qui s'est passé chez nous se passe ici pour pouvoir cultiver de grandes surfaces avec du gros matériel. Nous avons mal à la terre et nous, cyclistes nous luttons contre le vent.
Nous venons de passer quatre semaines en Turquie, la météo est toujours ensoleillée et même si les températures ont baissé, Roland roule souvent en short. Lorsque nous sommes arrivés en Turquie, notre warmshower à Aliçati, Cuneyt nous avait dit que beaucoup d'argent était dépensé pour faire des grosses routes (2X2 voies), nous l'avons vérifié car nous les avons souvent empruntées, il n'y a pas de réseau de petites routes. Nous y roulons en sécurité car la bande d'arrêt d'urgence est large et elle nous préserve de la circulation. Ce n'est donc pas pour les petites routes que l'on vient en Turquie à vélo mais pour le thé ça c'est sûr et toutes les rencontres qui vont avec. Do you like Turkey ? Evet
Un bonus offert pour les bons lecteurs/lectrices : ici
Longlet cartes permet de visualiser le parcours.
belle aventure. c'est un plaisir de vous lire chaque semaine. Merci pour ce partage et bisous à vous 2