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  • Photo du rédacteurpetitageneau

Semaine 19 : A cheval sur la frontière



Nous l'avons perdu, pas le nord mais le soleil et cette semaine a été grise, froide et humide. Le matin de notre départ de Véliko Tarnovo la ville est recouverte d'un blanc manteau.

Nous prenons la route c'est beau, c'est blanc c'est surprenant car nous avions presque l'impression que nous pouvions faire tout notre périple sous le soleil.



Notre première impression se confirme, les villages traversés montrent peu d'activité et les personnes que nous croisons sont souvent âgées. La Bulgarie est un pays qui souffre d'une crise démographique grave avec l'un des plus faibles taux de natalité du monde et les jeunes diplômés quittent le pays pour rejoindre l’Europe occidentale, l’Amérique du nord ou l’Australie.



Nous sommes restés en Bulgarie huit jours, ce pays est finalement assez vite traversé et nous souhaitons rejoindre le Danube plus plat et peut-être mieux pour « cycler » l'hiver. La neige a presque disparu des champs mais la pluie a redoublé et le passage de la frontière entre la Bulgarie et la Roumanie se fait sous une pluie battante et froide. On est heureux d'avoir prévu des vêtements assez étanches, renforcés pour les mains par des sacs congélateurs efficaces.



Là encore il y a beaucoup de camions et nous nous faufilons pour rejoindre les passages couverts de la douane, nous grillons quelques places grâce à la sympathie des douaniers et nous passons très vite. Nos papiers sont à peine regardés par le douanier Bulgare, le douanier Roumain lui, nous dit : pourquoi faites-vous du vélo par ce temps-là ? Puis il nous ordonne presque de rejoindre un hôtel, ce que nous ferons dans la ville frontière Giurgiu. L'hôtel a une architecture soviétique, un hall et des escaliers immenses et froids, un lit pour quatre dans une chambre chauffée par un radiateur électrique type « grille pain » à fond car il faut aussi sécher certains vêtements.



Nous suivons le Danube du côté Roumain. Bien qu'il soit dessiné sur la carte, nous ne le verrons pas avant 250 km car la route passe trop loin. Nous sommes sur l'« Eurovélo6 » voie cyclable qui relie l'Atlantique à la Mer noire en suivant la Loire le Rhin et le Danube. Cette partie n'est pas balisée en Roumanie.



La route est plaisante, nous traversons de longs villages rues, même s'il fait froid et gris les gens sont quand même dehors pour boire leur café qu'ils ont acheté à un distributeur automatique (merci Nescafé ou Lavazza), même dans un café avec un bar et une vendeuse nous avons dû l'acheter à une machine, c'était un peu déroutant.



Il y a très peu de cafés, nous qui aimons tant notre petite pause au chaud, nous cherchons parfois un moment. Heureusement nous avons investi dans une bouteille thermos qui nous permet de boire chaud, un luxe ! (l'eau des gourdes est glacée). Comme en Bulgarie, la route qui traverse le village est goudronnée mais pas les rues transversales. Certaines maisons sont délabrées tandis que d'autres sont peintes et très jolies. De nombreux détritus jonchent les bas cotés mais envahissent aussi les cours d'eau. Ici on trie le plastique puis on le jette dans les rivières... Pourquoi ?




Nous délaissons la tente et cherchons des hébergements au chaud, téméraires mais pas fous ! Jeudi soir nous sommes accueillis chez un warmshower dans le village Lisa. Nous avons été accueilli par Samuel un anglais qui vit en communauté « charity » avec d'autres dans une grande maison qu'il retape pour pouvoir accueillir les anciens du village, souvent seuls, mais aussi des visiteurs comme nous. Une famille d'anglais David, Laura et leurs deux enfants sont arrivés début novembre pour vivre ici 5 mois. Ils voyagent à travers le monde en s'installant plusieurs mois dans chaque pays. Cet été ils ont passé quatre mois dans un camping à Chef Boutonne (79) c'est drôle !

Pour rejoindre un nouveau warmshower, nous devons traverser le Danube et repasser la frontière grâce à un bac à Bechet. Nous nous faisons tout-petits au milieu des poids-lourds, ce passage leur évite de grands détours, plusieurs centaines de kilomètres. Ca sent le gazoil!



Nous retrouvons la Bulgarie et arrivons à Kosloduy après avoir longé une grande centrale nucléaire, sur la pancarte il est indiqué « énergie propre » mais photos et arrêts sont interdits. Nous arrivons chez Tihomir, un bulgare d'une quarantaine d'années qui vit seul depuis sa séparation avec sa femme. Il nous reçoit dans sa petite maison qu'il vient juste d'emménager et nous dînons ensemble avec des plats préparés car il n'a pas de système de cuisson. Pour nous c'est l'occasion de pouvoir discuter avec un bulgare. Il aime voyager, nous lui demandons où il est allé, ils nous citent la Serbie, la Turquie, la Grèce... Nous lui demandons : « Et la Roumanie qui est si proche ? Pourquoi j'irais là-bas ? c'est un pays pauvre comme le mien donc je n'ai rien à y découvrir ». Effectivement pour nous il est intéressant de voyager dans tous les pays d'Europe de l'est car on y est « dépaysé », on y découvre la vie des gens sans pour autant la subir. Nous le retrouvons le lendemain matin dans son salon de thé le Parfe, il commence sa journée à 7 heures.



Nous sommes arrêtés aujourd’hui à l'hôtel du Danube à Lom. C'est une grande ville avec beaucoup d'immeubles décrépits, on se demande comment les gens font lorsqu'il fait -10°,comme annoncé dans les prochains jours, avec des chauffages électriques d'appoint dans des bâtiments qui ont 60 ans et n'ont jamais été rénovés.



C'est le cas des hôtels, des magasins, de la maison de Tihomir. Il n'est pas rare de rentrer dans un magasin et de trouver la vendeuse avec son manteau, son bonnet assise près d'un petit chauffage. Voyager l'hiver nous permet de prendre la mesure des conditions de vie des gens, en été tout est beau mais en hiver c'est très gris.


Nous nous dirigeons vers Dobreta-Turnu-Severin pour négocier notre retour en bus et avec nos vélos, car il faut commencer à penser retour. PS : Vous pouvez jeter un coup d’œil à la rubrique « cycle-éco/cycle échos ».




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