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Semaine 20 : Soirée Gypsies avant la trêve

Dernière mise à jour : 4 déc. 2018

La famille au complet dans la cuisine-chambre.

Nous commençons à parler sérieusement retour... Nous suivons l'Eurovélo 6 le long du Danube côté bulgare ou roumain. Nous avions choisi cet itinéraire pour pouvoir rouler à basse altitude et ne plus avoir à franchir de montages. C'était plutôt une bonne idée. Nous traversons à nouveau la frontière entre la Bulgarie et la Roumanie d'un côté Vidin et de l'autre Calafat par un grand pont, le Danube fait ici plus d'un kilomètre de large !



C'est toujours le même spectacle à la frontière, des camions en file indienne qui attendent leur tour et nous qui passons tranquillement. Nous avons trouvé une petite guesthouse à Calafat pour une nuit au chaud, la propriétaire parle un peu français et elle nous dit qu'elle héberge de nombreux cyclistes qui sont en majorité français mais ce soir nous sommes les seuls.



Le lendemain la journée est grise, humide, nous roulons dans le brouillard, nous avons ajouté nos lampes frontales clignotantes sur nos casques pour être plus visibles et nous préférons utiliser les petites routes plus longues mais paisibles.



Parfois elles se transforment en routes non goudronnées sur quelques kilomètres comme avant Crivina. La veille nous y avions repéré notre prochain hébergement car nous ne voulons plus camper, les journées sont froides et il est confortable le soir de pouvoir se coucher au sec et au chaud. Après nos 100 km nous apprenons que la pension indiquée sur internet n'existe pas dans la réalité. Il est 16h dans une demi-heure il fera nuit, il pleut... nous entrons dans un « magazin » pour demander où il y a un hôtel et où l'on peut coucher, on nous indique Severin à 36 km, impossible pour nous. Roland évoque la possibilité de mettre la tente sous un auvent à côté du magasin.



C'est alors qu'un homme, nous demande d'où l'on vient, nous lui disons de Nantes, il nous dit avec quelques mots français qu'il connaît car il a travaillé là-bas, nous comprenons qu'il était en caravane et qu'il ramassait les légumes. Nous nous souvenons bien lorsque nous avons fait la Loire à vélo de ces caravanes sur le bord des champs de carottes et de radis habitées par des saisonniers étrangers. Il propose après concertation avec sa femme de venir chez lui. Nous nous retrouvons à l'extérieur du village guidés par trois jeunes pour rejoindre leur maison. Lui en voiture est arrivé un peu avant et a eu le temps d'organiser la pièce confortable de la maison qui va servir de séjour, de salon et de chambre pour nous. Il y a une cuisinière à bois qui ronronne il fait chaud, nous sommes une douzaine dans cette pièce de 10m².



L'ambiance est tout de suite joyeuse, conviviale, sur la table différents plats sont rapidement mis, un peu de musique, quelques pas de danse pour nous.



Nous nous sentons tout de suite bien et sereins. Cette soirée a été l'occasion pour nous de vivre la réalité de cette population Rom, stigmatisée et marginalisée dans cette Europe que nous avons traversée. Elle est mise à l’écart, habitant à l'extérieur des villages dans des maisons insalubres, sans eau courante sur des sols en terre ou en ciment avec de la boue à l'extérieur, pas de chauffage, des portes et des fenêtres brinquebalantes.



Leurs conditions de vie sont difficiles, ils nous expliquent leurs difficultés, il n'y a pas de travail en Roumanie pour eux, ils partent donc quelques mois en France en Belgique ou en Angleterre pour faire des travaux saisonniers et gagner de quoi vivre le reste de l'année. Valérian a 38 ans sa femme Otilia 36 ils ont 5 enfants entre 5 et 18 ans et ils sont déjà papi et manie d'un petit garçon Atis qui a 1 an. Une naissance doit avoir lieu dans quelques jours, la future maman Janina a quinze ans. Nous sommes dans une culture très différente, la famille est très importante, l'arrière Grand-mère de 53 ans habite la maison à côté et toute la soirée il y aura des va-et-vient et nous irons également visiter les maisons du frère et de la grand mère...



Nous goûtons quelques charcuteries maison car le cochon vient d'être découpé et les gros morceaux, sur le sol dans l'entrée d'une maison, attendent d'être fumés. Lorsque nous faisons les traductions grâce au téléphone, nous nous apercevons que tous ne lisent pas, l'accès à l'école est épisodique et seule leur fille y est allée quatre ans. Toute la soirée, Valérian a beaucoup insisté en disant qu'ici on était en sécurité, que rien ne pouvait nous arriver, il a même installé nos vélos dans notre chambre pour la nuit. Cette soirée à été un grand moment, on leur a fait confiance et ils ont fait beaucoup pour nous rendre agréable cette soirée ensemble. Pour nous, c'est encore une belle leçon d'accueil de l'étranger (nous) et on a visualisé la grande précarité dans laquelle ils vivent. Nous ne pourrons plus regarder les Roms que nous croisons dans nos villes de la même manière. Nous nous quittons avec émotion après avoir pris le café qu'ils n'avaient pas et que nous avons sorti de nos sacoches.



Par messenger deux jours plus tard nous apprenons qu'un petit Andréi est né, sa maman Janina se porte bien.


Il a plu toute la nuit, ce matin il neige. Nous rejoignons la ville de Drobeta-Turnu-Séverin, par une grosse route pour les dix derniers kilomètres, c'est désagréable, stressant et on se fait tout-petits. c'est avec un sentiment du devoir accompli que nous pédalons sur ces derniers kilomètres. Cela tombe bien c'est exactement la fin de l'itinéraire que l'on avait projeté. Nous avons fait 7100 km, traversé 11 pays. Nous sommes très contents d'avoir réussi cette première partie de notre voyage, tout s'est bien passé, il est temps de faire notre pause hivernale.


Dans notre projet initial, nous avions prévu de laisser nos vélos en Allemagne lors de notre retour chez Renate une collègue allemande. Nous ne l'avons pas fait car cela est compliqué et beaucoup plus onéreux. Beaucoup de voyageurs à vélo craignent les retours en transport en commun et choisissent l'avion.



Nous avons fait le choix d'utiliser de revenir en transports en commun routier pour minimiser notre empreinte carbone. La chance va nous sourire. Encore une fois tout est facile, nous sommes prêts à aller réserver le retour en bus à l'agence Atlassib pour Paris, quand le gérant de l'hôtel nous interpelle et nous dit qu'il a un ami qui fait des aller et retour entre Drobeta-Turnu-Séverin et Nantes en minibus avec une remorque pour voiture toutes les semaines. Le départ à lieu samedi 1er décembre à 11h, les vélos sont sanglés sur la remorque et c'est avec 6 autres jeunes roumains que nous faisons le voyage. Ces jeunes font un aller et retour en France pour s'inscrire à Pôle emploi pour faire la saison de maraîchage à Pouancé. Ils reviendront fin février pour cinq mois de travail. Sur la région nantaise 7000 emplois sont proposés à des travailleurs saisonniers comme eux. Notre pays, européen comme le leur, est un pays riche et un eldorado pour ces populations d'Europe mais aussi des autres pays du monde.


Nous nous rendons compte que de nombreux minibus avec plateaux font des allers-retours en France ou en Allemagne pour ramener des voitures. Notre minibus repart mardi avec une voiture sur la remorque qui est jugée trop polluante chez nous mais pourra rouler de longues années en Roumanie, c'est pourtant bien la même planète ? Grâce à ce minibus, nous sommes arrivés directement au Mans dimanche soir devant la maison de Mathilde et Quentin et avons retrouvé avec plaisir une partie de notre petite famille. Sans transition, pour notre plus grand plaisir, nous reprenons notre rôle de papi et mamie.


PS : lire dans la rubrique "cycle-écolo/cycle-échos" un article inspiré par notre retour en minibus.





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