Ce matin, lundi, nous partons de Ketrzyn, il fait beau et dans les forêts que nous traversons c'est le printemps, les oiseaux chantent, les fleurs osent percer la terre pour timidement sortir leur nez. La petite route à gauche dans la forêt nous mène à la tanière du loup de Gierloz, lieu où se terrait Hitler en Pologne alors qu'on le croyait à Berlin. Ce repaire est maintenant un champ de ruines car les allemands ont dynamité la plupart des bunkers lors de l'arrivée des Russes le 25 janvier 1945.
Aujourd'hui tout est est paisible ; les oiseaux chantent, les fleurs sortent de terre mais si l'on se remémore le bruit des bottes cela fait froid dans le dos. Dans cette zone marécageuse protégée par des dizaines de lacs, Hitler a fait construire un ensemble d’immenses blockhaus de plusieurs dizaines de mètres de hauteur avec des murs et toits de plus huit mètres d'épaisseur, le tout protégé par plusieurs cercles de fils de fer barbelés, de champs de mines et de positions défensives. L'ensemble était desservi par un aérodrome et une ligne de chemin de fer. C'était comme un village, on pouvait y vivre tranquillement, il y avait les salons de thé, le coiffeur et des bars.
Hitler aimait y promener sa chienne Blondi...On ressent bien la monstruosité de ces constructions et de cette organisation. Hitler y aurait passé 900 jours à préparer ces différentes campagnes et a même échappé à la tentative d'attentat d'un colonel « résistant » allemand. Cette visite nous a permis de voir jusqu'à quel point l'homme pouvait manigancer et mettre en place des structures pour détruire le reste de l'humanité. Pour Marylène qui venait juste de terminer un livre dont le titre est Le quatrième mur de Sorj Chalandon qui a obtenu le prix Goncourt des lycéens 2013. Cela faisait beaucoup de monstruosité en même temps car il raconte le projet de monter la pièce Antigone à Beyrouth dans les années 80 sur fond de massacre de Sabra et Chatila. Ce livre montre la violence aveugle des hommes les uns envers les autres pour des problèmes de religion, d'origine, de territoire et au final ce sont les civils, qui en sont les victimes. Il est très bien écrit, je vous le conseille.
Mais il y a aussi de belles rencontres comme ce mardi midi lorsqu'une vieille dame nous aborde, nous sommes en train de pique niquer dans un village. Elle nous parle en polonais, nous ne comprenons rien, nous interpellons des jeunes collégiens, un va nous servir d’interprète la conversation est plus facile c'est fantastique. On en profite pour montrer notre périple sur une carte. La vielle dame nous quitte en levant les yeux au ciel et en disant « oh Marie Jésus ! »
Sur le conseil de Wojtek et Michi nos warmshower de Poznan nous sommes passés en Lituanie par une toute petite frontière et nous avons découvert la beauté de ce pays, assez vallonné sans grandes montagnes, avec beaucoup de maisons en bois, des cigognes, des chevreuils et de nombreux oiseaux.
Le vent est passé au nord, il fait froid dans la journée malgré le soleil. Le matin c'est dur de sortir du duvet et on attrape l'onglée en pliant la tente.
Vendredi nous arrivons à Vilnius qui est la capitale de la Lituanie, ville de 500 000 habitants. Nous séjournons dans un petit appartement proche du centre-ville que nous avions réservé sur Airbnb.
Nous avons l'impression d'être comme chez nous, ça fait du bien. Nous pouvons cuisiner comme à la maison : quiche poireaux, crêpes et nous apprécions aussi de manger au restaurant les spécialités à base de pommes de terre. En parfaits touristes nous flânons dans Vilnius, une ville coquette, animée et très ensoleillée. Dimanche, jour des rameaux les rues sont bordées de vendeurs de compositions de rameaux. De nombreuses personnes envahissent les rues devant la cathédrale avec un petit bouquet à faire bénir.
Mais là encore l'histoire de ce pays n'est pas banale et nous nous rendons compte de notre ignorance. La visite du Musée de l'occupation et de la lutte pour la liberté nous a permis de comprendre ce qui s'est passé dans ce pays. La Lituanie comme les autres Pays Baltes ont été occupés par les soviétiques de 1939 à 1941, puis par les nazis de 1941 à 1944 puis par les soviétiques de 1944 à 1990.... Que de souffrances, de déportations, de déplacements de population, d'assassinats... Ce musée situé dans les anciens bâtiments du KGB
retrace toute cette histoire et nous permet de découvrir la force d'un peuple qui résiste mais qui ne pourra retrouver sa liberté qu'au moment de la Perestroïka en 1991. Dans ce musée on visite les geôles du KGB et ça fait froid dans le dos.
Pendant toutes ces années, bien que fortement réprimée la résistance a existé. Le 23 août 1989, les trois pays qui souffraient de la même occupation, l'Estonie, La Lettonie et la Lituanie ont réalisé une chaîne humaine sur plus de 600km qui passait par les trois capitales. Les photos sont impressionnantes.
Ils obtiennent leur indépendance le 11 mars 1990. Entre Hitler, l'occupation russe le massacre de Sabra et Chatila c'est une semaine riche en histoire et en émotion. À chaque fois c'est la même chose ce sont les civils qui paient de leur vie la violence des hommes. Dans l'appartement où nous sommes, il y a un rayon de livres français et nous avons trouvé un livre qui parle de la déportation de Lituaniens vers la Sibérie : Prisonnière de l'île glacée de Trofimovsk de Dalia Grinkeviciute, ce sont les mémoires d'une jeune déportée dans les camps sibériens. Encore un conseil de lecture.
Demain lundi nous reprenons la route vers Riga capitale de la Lettonie. Nous allons presque suivre la ligne de la chaîne humaine, direction le nord.
Bonjour Marylène et Roland
Nous avons passé une semaine à Riga il y a 13 ans et on avait ressenti cette ambiance que vous décrivez. Les pays Baltes ont une sacrée histoire. Du coup je vous conseille un livre ( que vous avez peut être déjà lu) PURGE de Sofi Oksanen
Ça se passe en Estonie. Destins croisés d'une vieille dame et d'une jeune fille.
Nous , nous sommes émus par ce grand incendie qui a détruit une partie de Notre Dame.
Violette est très touchée, c'est un monument qui la bouleversait quand elle passait devant. Du coup on lui a conseillé de participer à la reconstruction. Y'aura du boulot.
Ce weekend nous prenons nos vélos et de chez nous…
Bonjour,
Oui, rappel de l'histoire pas drôle, snif !Heureusement il y a le printemps, l'envie de quiche aux poireaux, les collégiens traducteurs ! Avez-vous toujours le vent dans le nez ? Le vent polaire on y a droit nous aussi ici. Mais on n'est pas obligés de pédaler, nous, on prend la voiture ! ! ! A bientôt
bonjour et merci Famille Petit pour le traçage de votre parcours, pour vos photos qui remettent en mémoire ce qu'ont vécu ces pays que vous traversez bonne suite
merci les Petits pour tous ces rappels de l 'histoire de ces pays européens.toujours intéressant vos commentaires et photos.
Bonne route.