Après la semaine de vacances avec nos enfants en Estonie nous voici en Finlande.
Dimanche 5 mai, de bonne heure et de bonne humeur nous prenons les vélos pour quelques kilomètres dans Tallinn, la ville dort encore, direction le port pour prendre le ferry qui en deux heures va nous déposer à Helsinki. Il fait très beau le soleil est revenu alors que la veille il pluvioneigeait.
Nous avons un logement chez Maria que nous avons contactée sur le réseau Warmshower, elle est partie faire du vélo en Norvège, mais pas de problème une copine vient nous ouvrir son appartement. C'est presque incroyable mais finalement au cours de notre voyage cela nous est arrivé plusieurs fois de nous faire prêter un logement en toute confiance. Nous rencontrons Maria lundi soir dans un bar, elle est jeune (25 ans), hyper sympa, « Finlando-Marocaine » elle a un parcours atypique et prépare aujourd'hui un doctorat de physique sur les nanoparticules. Nous passons une superbe soirée à discuter, à échanger sur tous les sujets sans barrières comme avec quelqu'un que l'on connaît depuis longtemps.
Nous avons l'impression de nous séparer trop vite sans avoir tout dit. Nous l'avons questionnée sur sa sortie à vélo et nous apprenons qu'elle était seule, qu'elle n'a pas eu beau, il neigeait... elle a rédigé le texte qui suit et au combien nous nous y retrouvons, nous y adhérons. Nous sommes convaincus que le vélo rapproche les gens, la voiture nous met à l’abri des intempéries mais nous enferme dans une coque, place comme une barrière entre le conducteur la nature et les autres usagers. Nous qui voyageons à deux nous disons bravo aux voyageurs en solitaire c'est encore une autre dimension.
"Ce qui m’a toujours attirée dans le voyage à vélo c’est surtout l’expérience de liberté qui s’ensuit. Quand je roule, je ne pense pas aux accomplissements physiques et je ne garde presque jamais l’œil sur les nombres (pouls, kilomètres, vitesse, etc.) mais me concentre plutôt sur ce qui se passe à l’intérieur. Je considère le vélo comme un outil qui me permet d’échapper au quotidien et de retourner à l’essentiel de mon existence. Pour moi, c’est un moyen efficace de méditer et de pratiquer l’introspection, de prendre conscience des habitudes et des idées qui ne me sont pas utiles au quotidien et de me défaire de ces constructions mentales.
D’un autre coté, j’aime explorer de nouveaux endroits qui ne sont pas forcément toujours accessibles autrement qu’à pied ou à vélo. Je ne suis jamais déçue parce que les paysages sont souvent à couper le souffle et les gens que je rencontre très accueillants. Dans les voyages que j’entreprends, je n‘ai généralement qu’une idée vague de l’itinéraire au début. Le plan prend forme au fur et à mesure que je pédale et j'accepte qu’il puisse changer à tout moment. Cet aspect incertain du voyage à vélo me plaît aussi beaucoup parce que c’est une façon de sortir de sa zone de confort et de constater que l’on trouve toujours une manière de se débrouiller.
Je retourne toujours au quotidien mentalement rafraîchie, l’esprit reposé, les idées claires et surtout pleine de sentiments de gratitude pour tout dans la vie. Finalement, le voyage à vélo renforce mes convictions sur la nature généreuse des êtres humains. C’est pour cette raison que j’ai aussi décidé de me joindre à la communauté Warmshowers. Je me sens chanceuse d’avoir rencontré autant de belles personnes au cours de mes voyages et souhaite retourner la faveur."
Maria Ameziane.
Au départ d'Helsinki, comment tracer un itinéraire au milieu de ces immenses lacs et de ces forêts ? Finalement nous prenons la direction du Nord jusqu'à Jyvaskyla. Les bivouacs sont fantastiques, nous sommes proches de la nature avec le chant des oiseaux qui accompagnent nos rêves et c'est souvent idyllique.
Les températures sont confortables et le soleil est au rendez-vous de plus en plus longtemps puisqu'il fait jour 19h sur 24h .
La Finlande nous offre des paysages fantastiques mais peu variés, comme nous l'avions imaginé sur les conseils d'un voyageur à vélo, nous prenons le train sur 600 km, direction Rovaniemi la ville du Père Noël et du Cercle polaire.
Marylène : L'événement de la semaine, entre autre, c'est quand même mon anniversaire. Pas n'importe lequel puisque je change de dizaine et entame la sixième. Avoir 6O ans et être près du Père Noël c'était mon rêve, je l'ai réalisé.
Comme aurait dit un ex-président on a raté sa vie quand on a 60 ans et qu'on n'a pas vu en vrai le Père Noël, pour moi c'est fait ouf !
Etre au cercle polaire, c'est un bon moyen pour ne pas vieillir puisque nous reculons dans la saison, le printemps qui était là dès la Lituanie a disparu, les arbres n'ont à nouveau plus de feuilles, l'herbe est encore toute jaune grillée par le froid et il y a encore de la neige au sol par endroit.
Au pays des aurores boréales que nous ne verrons pas car il ne fait plus assez noir, de nombreuses étoiles dans le ciel nous suivent, lorsque je pédale je pense souvent à nos proches et à nos amis qui sont partis trop tôt. Avoir 60 ans et être à vélo au cercle polaire c'est avoir la chance d'être là en bonne santé.
Bon, on vous laisse, on vous dit à la semaine prochaine car le sauna est chaud et il nous attend.
On n'est pas en Finlande pour rien !
