Que nous avons aimé pédaler dans ces paysages superbes et grandioses. Certes ce n'est pas facile et il faut de la persévérance, de la patience mais quelle récompense de côtoyer cette chaîne de montagne du Caucase. De Mestia nous rejoignons le dernier village Ushguli à 2100m d’altitude (plus haut village habité d'Europe) en continuant la piste. Il nous faudra 4h pour faire les 42 km.
A Ushguli nous assistons à une projection du film « Dédé ». Ce film à été réalisé en 2017 par Mariam Khatchvani et a été entièrement filmé dans ce village, une belle coïncidence. Il présente la vie et les coutumes de cette région dans les années 90. L’héroïne Dina conteste les traditions de ces montagnes reculées du Caucase car elle veut faire ses propres choix. Un film à voir pour s’imprégner de l'ambiance de cette région.
Rouler dans ces montagnes nous rappelle un livre que nous avons lu il y a quelques temps et que l'on avait bien apprécié : « L'incroyable destin des alpinistes de Staline ». Dans les années 30 deux frères furent chargés de porter l'idéologie soviétique sur les hautes cimes, ce livre a été récompensé par le prix Albert Londres en 2020, à lire pour les amoureux de montagne ou les curieux d'histoire.
D'Usguli nous gravissions le col et les quelques véhicules que nous croisons soulèvent des nuages de poussière.
Nous sommes salués par les paysans qui fauchent leurs champs.
Puis arrive le col comme une délivrance et c'est plus de 100 km de descente qui nous attendent. On pourrait penser que cela va être plus facile oui physiquement ça l'est mais il faut beaucoup de vigilance pour éviter les trous, les bosses et c'est fatiguant pour les mains de freiner sur des kilomètres et des kilomètres.
Nous arrivons à Tskaltubo, nous ne sommes plus qu'a 150 m d’altitude et nous avons oublié qu'il pouvait faire aussi chaud. C'est une ancienne ville thermale très prisée par les Russes jusque dans les années 89. Il y avait plusieurs trains directs quotidiens en provenance de Moscou et d'autres grandes villes de l'URSS qui arrivaient dans la ville, plus de 100 000 personnes visitaient Tskaltubo chaque année. Staline y avait un cottage privé à proximité et il utilisait un bain privé dans le Bathhouse n° 6. Là encore, la chute du mur de Berlin a eu des répercussions que l'on a du mal à imaginer. Aujourd'hui, la ville est un peu oubliée. Des plus de 100 000 visiteurs aujourd'hui seuls 700 visiteurs viennent à Tskaltubo chaque année. Les immenses bâtiments thermaux sont aujourd’hui inutilisés. Sur les conseils de cyclistes suisses rencontrés nous visitons des bâtiments énormes laissés à l'abandon et qui attendent juste de retrouver leur gloire passée.
Nous avons l'impression d'un énorme gâchis, et cela nous semble irréversible, ces bâtiments vont finir avec le temps par s'écrouler. Nous sommes un peu tristes de voir un site comme celui-ci disparaître. Certains sont rénovés et toujours utilisés.
D'autres ont une deuxième vie ils sont habités et utilisés par des personnes déplacées d'Abkhazie qui sont logés dans des conditions déplorables. Ces déplacés n'ont aucune possibilité d'entretenir ce patrimoine et ils y vivent dans des conditions terribles. Pour les curieux, un blog très complet https://www.mywanderlust.pl/tskaltubo-georgia/
Circuler en Géorgie à vélo est souvent sympa sur des petites routes à faible circulation, mais pour rejoindre la capitale Tbilisi, la route est très passagère c'est l'axe Est-Ouest du pays. Nous décidons de prendre le train ou le bus. Ce sera le minibus qui nous amènera en 4 heures à destination. C'est un autre moyen de voyager, nous circulons pendant 60 km dans l'énorme chantier de la future autoroute. La route traversera les montagnes dans des tunnels ou sur des ponts en construction. Impressionnant ! Pauvre planète...
Après 240 km nous arrivons en ville, voitures, klaxons, bruits... nous retrouvons toute l'énergie d'une capitale. Nous sommes logés dans une auberge de jeunesse et oui on y a encore droit, pour le prix modique de 13€ la chambre, ce n'est pas le grand luxe mais ça nous convient, il y a certainement des hôtels beaucoup plus chers. La vie en Géorgie est vraiment très bon marché pour nous.
Tbilisi est une ville où il fait bon se promener dans les quartiers où l'on découvre des maisons prêtes à s'écrouler qui côtoient des maisons parfaitement rénovées. Le quartier des bains est un lieu exceptionnel entièrement réhabilité qui laisse entrevoir ce que pourrait être la ville de demain.
Nous sommes des touristes et nous ne sommes pas les seuls, nous musardons et découvrons les quartiers, les spectacles, les restaurants... que la Géorgie est organisatrice avec trois autres pays européens de l'Eurobasket 2022, samedi nous assistons à la fin du match Géorgie Espagne la Géorgie a perdu, dimanche 4 septembre la Géorgie rencontre la Turquie.
Nous visitons le Musée de l'occupation soviétique et découvrons encore une fois la résistance de ces peuples qui luttent contre le colonisateur russe pendant 70 ans dès 1921. De nombreuses personnes (880 000) seront victimes de l'occupation soviétique en Géorgie. Il faudra attendre 1991 pour que la République de Géorgie soit proclamée.
Gorbatchev qui vient de décéder « n'a pas donné la liberté aux peuples mais il leur a permis de la prendre » pouvait-on lire dans Médiapart. Beaucoup de pays Lituanie, Estonie, Géorgie, Pologne... sont devenus des pays souverains et leurs populations aspirent à la liberté et au bonheur, c'est ce qu'on ressent dans la trépidante Tbilisi.
Mais on sait que tout cela est fragile avec l'exemple de l'Ukraine et qu'un homme ou un groupe peuvent décider de faire basculer la vie de milliers de gens. Nous regagnions notre Hostel avec de belles images dans le yeux et après avoir dégusté un bon verre de vin blanc et manger un très bon repas, la cuisine est excellente.
