Pas d'inquiétude le soleil est vite revenu et depuis le début de la semaine nous profitons d'un temps agréable (30° dans la journée). Nous avons quitté l'île de Cres par un bateau qui nous a conduit à Zadar.
Voyager c'est aussi l'occasion de s'intéresser à l'histoire du pays dans lequel on pédale. On se souvient que dans les années 90/98 les Balkans ont connu la guerre. Mais en suivant la côte, on en voit peu de traces et nous ne trouvons pas d'interlocuteurs : les contacts avec la population sont difficiles à cause de la langue et la côte est une région touristique balnéaire. Un matin, lors de notre pause café quotidienne (nous avons pris le rythme croate, le café de 10h fait partie des habitudes et les terrasses sont nombreuses), on parle français à la table d'à côté (un papa et ses deux fils), Roland les interpelle. Ils habitent Lyon, le père Alban est d'origine croate et ils passent l'été ici dans la maison familiale du petit port de la ville de Turanj. Nous questionnons Alban sur la guerre et il nous explique que cette région la Krajina, a été très touchée par ce conflit, villages détruits, routes inutilisables... Aujourd'hui cela nous semble difficile à imaginer car sur la cote tout a été refait. Nous avons bien aperçu par endroit des maisons en ruine mais nous n'y avions pas attaché d'importance. Cette rencontre attise notre curiosité et nous ressentons l'envie de voir et comprendre. Le guide du Routard trouvé dans un camping nous aide à comprendre le passé de cette région. Au nord de Sibenik se trouve une région qui était la république Serbe de Krajina, une enclave à majorité Serbe à l'intérieur de la Croatie. « A l'époque, dans l'épreuve de force qui opposa la Serbie à la Croatie, la possession de la Krajina était donc d'une importance hautement stratégique. Le nettoyage ethnique des Croates fût mené par les milices Serbes de façon extrêmement brutale. En août 1995, lors de l'offensive « Tempête » l'armée croate repris possession de la région en deux jours provoquant à son tour un exode massif des Serbes, nul doute que ce retour se fit sans tendresse ». Guide du routard Croatie, 2010/2011.
Nous quittons donc la cote et nous décidons d'aller voir par nous-même. Dès les premiers coups de pédales dans la montagne, nous sommes dans la Croatie rurale, nous croisons des petits tracteurs et des gens qui nous saluent, l'ambiance est tout de suite différente. Pas de camping, nous nous adressons à des Croates attablés autour de bières qui nous indiquent où nous pouvons mettre notre tente. A l'endroit caillouteux et en pente qu'ils nous proposent, nous préférons un petit bout de champ après avoir demandé l'avis à trois femmes qui passaient par là. L'anglais n'est pas de mise, c'est en Croate donc avec les gestes que nous dialoguons. Elles nous donnent des figues. Les raisins, les olives et les figues sont vraiment les fruits que l'on trouve partout.
Après une bonne nuit, nous empruntons des routes jaunes de la carte qui sur le terrain, sont soit inexistantes, soit des pistes. Un peu de vignes, un berger avec trois ou quatre moutons, et surtout des villages dans lesquels les maisons d'habitations très vétustes côtoient de nombreuses maisons en ruine. Alban nous avait précisé que les maisons des serbes devaient être laissées en l'état. C'est un paysage de désolation et on a du mal à imaginer vivre dans un tel contexte.
Nous continuons par Split, ville chargée d'histoire, la vieille ville est construite dans un palet appartenant à l'un des derniers empereurs romains (Dioclétien) depuis plus de 1600 ans !
Nous sommes sur le point de quitter la Croatie par la ville de Imoski et sur nos vélos nous faisons un bilan sur ce pays, dans lequel nous venons de passer 12 jours agréables entre baignades et vélo. Que pouvons-nous en dire ?
Très joli pays de mer, avec ses cotes et ses îles mais aussi ses nombreux touristes. Si nous avons un regret c'est celui du peu de contact avec les croates. C'était sans compter la rencontre d'un soir avec Vladimir et sa femme Yala. Comme souvent, il nous faut trouver un coin pour mettre notre tente et dans la descente du col, un homme est devant sa maison, nous nous arrêtons pour lui demander s'il est possible de monter notre tente dans son jardin, il est étonné appelle sa fille Valentina et très vite dit oui. Nous nous installons et nous préparons notre repas car dans nos sacoches nous avons tout, à manger, de l'eau même pour une douche. Petit à petit Vladimir vient nous voir, essaie de communiquer mais c'est très difficile aucun mot n'est commun. Nous passons une très bonne nuit. Le lendemain nous arrivons à échanger sur le voyage, la famille, nos métiers. Notre réchaud à bois intrigue Vladimir, il le photographie car il est intéressé, il se voit bien en faire un et l'emporter à la pêche. Nous repartons avec des tomates, des œufs et deux litres de son vin rosé que nous partagerons à l'hébergement suivant avec 3 jeunes voyageurs. En fait le contact il faut le susciter, pour éveiller la curiosité et l'envie d'échanger.
Merci à eux pour le café bosniaque, la frontière n'est pas loin.
Nb / Itinéraire voir lien cartes
Épisode très émouvant ! Je suis fière de vous !
Nicole H
Bonjour Roland et Marylène,
On avait eu un peu le même problème dans une moindre mesure en Allemagne.
Pour palier ce manque, dans le but d'aller dans les pays nordiques, j'avais chargé "Google Traduction". Dans le salon, ça avait l'air de marcher mais en situation réelle????
L'avez-vous adopté et qu'en est-il de cette facilité sur le terrain? En tout cas, nous on n'a pas peu l'exploiter, on a roulé en France mais ce n'est que partie remise.
Bonne route.
A la lecture de votre billet d'aujourd'hui, je retrouve l'atmosphère de 2 émissions que j'adore : Nus et Culottés et J'irai dormir chez vous ! Que du plaisir à vous lire ! Bonne route