Après les trois journées passées à Tbilisi dans cette capitale pleine de charme nous reprenons la route avec Mickaël, notre ami Italien. Nous quittons la capitale par des grosses routes doublées d'une voie plus calme, pour nous diriger vers Telavi.
Ici rien n'est plat, la montagne est partout et à chaque fois que nous prenons le vélo nous gravissons plus de 1500m de dénivelé dans la journée sur des routes pas toujours en bon état, pas toujours asphaltée ou en gravel comme dit Mickael. Ce soir après 80km et malgré la mise en garde de Mickaël nous posons les tentes au col, la vue est magnifique. L'orage nous rattrape : des éclairs, du vent et de la pluie. Nous aurions peut être dû descendre mais c'est trop tard. La nuit est agitée.
Après cette grosse journée de vélo, nous sommes fatigués et nous décidons de nous arrêter deux nuits dans une Guets-house à Telavi, nous en profitons pour visiter le monastère de Shuamta...
...et une cave familiale car ici nous sommes dans une région viticole. Le vin est une vieille histoire en Géorgie et surtout dans cette région de Kakhétie où nous sommes. La Géorgie en produit depuis 8000 ans bien avant que les Romains ne répandent la culture du vin sur le pourtour méditerranéen. La technique ancestrale est à nouveau utilisée, elle avait été remplacée par une production industrielle pendant l'ère soviétique qui voulait une production de masse à destination de l'URSS. Cette technique ancestrale donne de très bons vins qui sont surprenants pour nous. Pas de cuves en bois mais des jarres (Kveris) de 300 à 500 litres en terre enfoncées dans le sol. Les grappes entière de raisins sont mises à fermenter pendant plusieurs mois puis le jus est soutiré dans de nouvelles jarres et mis en bouteilles. Cette technique permet de produire des vins naturels sans additifs ni autres produits. Cela donne des vins blancs ambrés.
C'est le début des vendanges avec la valse des camions qui transportent le raisin. Ils attendent sur des parkings et c'est l'occasion d'échanges sympathiques avec des chauffeurs et la traditionnelle chacha, eau de vie de raisin. Roland échange son vélo contre ce beau camion de son âge qui roule au gaz.
Nous quittons Mickaël qui repart par les montagnes pour rejoindre Tbilisi d'où il prendra l'avion pour rejoindre l'Italie, nous sommes un peu tristes car nous avons passé de très bons moments ensemble.
Les découvertes à vélo sont souvent le fait du hasard, nous nous dirigeons vers Kvareli et nous nous arrêtons au Monastère de Grémi. Alors que les guides ne parlent que des monastères, nous apercevons d'abord des fouilles archéologiques, puis des thermes. Tout cela nous semble à l'abandon. Mais un musée nous fait découvrir que nous sommes sur le lieu d'un caravansérail des Routes de la soie. Nous savons maintenant pourquoi nous voulions aller de plus en plus à l'est. Comme tous les voyageurs nous voulions rencontrer ces lieux riches d'histoire qui nous avaient fait rêver dans les récits de voyage et là nous y sommes vraiment !
Grémi garde la trace de ces grandes caravanes qui s'arrêtaient dans ces caravansérails. Elle fut aussi la capitale de la Kakhétie au 16° siècle, elle possède une citadelle inscrite au patrimoine de l'UNESCO avec une magnifique tour perchée. Dans le musée sont exposés des objets de plus de 8000 ans. Nous sommes bien à un carrefour des civilisations, du commerce mondial avec tout les enjeux d'influence entre les chrétiens et les musulmans. Cette région a connu de nombreux conflits et massacres.
Pour rejoindre le village de Ubdano proche de la cité troglodyte de David Gareja, nous roulons dans des paysages grandioses, la route monte sur des kilomètres en suivant une crête ce qui nous permet d'avoir une vue incroyable sur les paysages de steppes qui nous entourent. Nous nous arrêtons à l'Oasis Club, hostel qui propose un camping gratuit où nous allons rester trois nuits.
A 15 km de là, nous visitons la cité troglodyte de David Gareja. Elle est située dans cette région de désert, à la frontière de l’Azerbaïdjan, il s'agit d'un monastère chrétien fondé au 6° siècle. Malheureusement les différents frontaliers entre l’Azerbaïdjan et la Géorgie font qu'il ne nous ait pas possible de visiter l'intégralité de ces monastères. Nous n'avons pas accès aux fresques qui font la renommée de ce site. Il est d'accès libre ce qui est un peu étonnant. Pas de buvette, que des icônes et des cierges à acheter. Des moines continuent d'occuper les lieux et entretiennent les lieux. Nous découvrons d'ingénieux systèmes pour récupérer l'eau de pluie qui ruisselle dans des rainures creusées dans les grandes dalles de pierre.
Au retour nous irons voir le monastère de Dodo church mais n'ayant pas les jambes couvertes il nous sera impossible d'y rentrer. Là aussi, des moines vivent coupés du monde dans des falaises.
La ville-village Ubdano où nous séjournons trois nuits nous questionne, elle est présentée dans le « Lonely planète » comme une ville semi-abandonnée. Cela ressemble à une grande ferme avec des animaux partout qui divaguent, les rues dont défoncées avec de la bouse et du crottin qui jonchent le sol, beaucoup de maisons semblent abandonnées ou dans un état pitoyable, l'école nous semble immense.
Nous apprenons que lors de l'occupation russe, cette ville avait 2000 habitants (aujourd'hui 250) et les plaines étaient cultivées et irriguées à grand renfort de pompes pour monter l'eau sur plus de 400 m de dénivelé, le gazole était gratuit à l'époque.
Nos nuits de pleine lune sont bercés par les aboiements des chiens et le ruminement des vaches qui sont couchées à côté de la tente.
Cette région nous aura encore surpris, très différente, les fonds des vallées sont très cultivés et les hauts plateaux sont des lieux d'élevage.
Cette Géorgie n'arrête pas de nous étonner.
Notre itinéraire a atteint son point le plus à l'est, nous amorçons un retour vers l'ouest, plusieurs cols nous attendent le plus haut doit être à 2000m !
La Géorgie doit vraiment être envoûtante, pour que Roland oublie qu’il ne vaut mieux pas bivouaquer dans un col à l’arrivée du mauvais temps ! Bonne route à vous ;-)