Comment rejoindre le nord de la Finlande en partant de Bressuire et en utilisant les transports en commun avec un vélo et ses 30kg de bagages ? Quand la destination choisie nécessite la traversée d'un océan ou d'un continent, l'avion deviendrait vite incontournable. Quoique. On peut aussi trouver un voilier pour traverser l'océan ou entreprendre le tricotage des correspondances train à bus, bus à train.
Mais voilà que la question du temps qu'il faut se pose, puis vient la question financière, et, encore trop peu souvent, la question écologique. Pour moi, la question de l'avion et tous ses aspects ont été vite réglés par le fait que l'idée de démonter et remonter mon vélo m'est insupportable. Elle a été rejointe par mon envie d'aller progressivement vers mon point d'arrivée plutôt que d'être « téléportée » en quelques heures dans des mondes si différents. Nous sommes souvent pris au piège du toujours plus vite, toujours plus économique au détriment de ce que nous apporte l'idée de prendre le temps, de vivre les choses qui se présentent à nous au fur et à mesure du déplacement.
Alors, c'est décidé, pour rejoindre le Cap Nord, je sors de la maison avec mon vélo chargé, direction la petite gare de Bressuire et ses quelques trains quotidiens. A savoir que le train du matin n'a qu'un seul conducteur et qu'en cas d'absence de ce dernier pour une raison ou une autre, pas de train ! Trois changements jusqu'à Strasbourg. Deux fois, j'ai dû décrocher les bagages de mon vélo pour le monter dans le train, mais toujours une petite main aidante. Un peu d'attente à Tours, Orléans, regarder les allers et venues des gens et laisser cours à mon imagination.
Une pause touristique à Paris où m'a rejointe une amie cyclovoyageuse sur un itinéraire de la gare d'Austerlitz à la gare de l'Est.
A Strasbourg, deux jours pour passer un peu de temps dans la ville et avec des amis. Et puis vient le temps du réajustement du calendrier pour retrouver Roland et Marylène au plus vite. Terminés les petits arrêts, l'un à Lubeck, au nord de l'Allemagne, l'autre à Helsinky. Je change les dates de mes réservations et je prends le train à Strasbourg. En fin de journée, à Lubeck, j'embarque directement dans le ferry qui m'emmène à Helsinky. Là, c'est 29 heures tranquilles, installée sur un fauteuil confortable face à la mer. Ce sont aussi deux nuits pas très confortables puisque le changement de réservation m'a fait perdre ma cabine.
Arrivée à Helsinky, je me précipite vers la sortie du ferry pour rejoindre le métro qui va me conduire à la gare. Train jusqu'à Oulu. Nuit chez un « Warmshower », nom du site de rencontres de voyageurs à vélo. Le lendemain, dès potron minet, je reprends mon vélo pour prendre le bus qui m'emmène jusqu'à Rovaniemi, pas le temps de dire « bonjour » au Père Noël. Je change de bus pour aller à Karasjok où je dois retrouver mes compagnons de voyage à vélo. Le chauffeur cale mon vélo dans la soute, et c'est parti.
Sept jours où j'ai pris le temps de me pauser, de regarder autour de moi, de me laisser bercer par de nouvelles intonations de langues, de contempler les paysages, lire, écrire, dessiner, écouter de la musique, dormir, vivre quelques rencontres, même éphémères...
Un temps hors du temps, une autre idée du voyage. Bon voyage à tous !
Annie
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