Pour rejoindre la Turquie il faut depuis Athènes passer par les îles, nous optons pour celle de Chios qui nous permettra de rejoindre la Turquie à Cesmé. De chez Alexandros qui habite au nord d'Athènes il nous faut rejoindre le port du Pirée au sud c'est à dire traverser la ville avec nos vélos, dans une circulation dense, c'est sportif, c'est stressant. Un œil sur le GPS, l'autre qui scrute la circulation et le troisième... mais il y en a pas. Tout se passe bien, nous sommes même interpellés par une française qui vit à Athènes et nous propose un hébergement mais nous avons notre réservation pour le ferry à 20h30 et il est 19h, dommage.
Nous embarquons pour une traversée de 7h, avec des billets économiques donc sans cabine, il nous faut trouver une place pour étendre nos matelas et nos sacs de couchage, nous ne sommes pas les seuls à coucher à droite à gauche sur le bateau. Allez matelot il est 4h du matin il fait nuit noire et il faut descendre car le bateau accoste à Chios, nous nous réfugions dans un bar en attendant que le jour de lève pour aller prendre notre petit déjeuner à coté d'un pêcheur sur le port.
Un bateau Frontex (police des frontières) rentre lui au port il a fini son travail de surveillance des côtes grecques. Elles sont très prisées des migrants car à quelques encablures de la Turquie. Les migrants sur les îles grecques sont très nombreux (13 000 sur les différentes îles) et bloqués ici ils vivent dans des camps surpeuplés dans des conditions sanitaires et humaines très difficiles, l'île de Chios en fait partie. En 2016 il y a eu des émeutes entre habitants de l'île Chios et les migrants et de nouveaux accords sont alors élaborés entre la l'UE et la Turquie qui ne résolvent pas leur problème, l'accord stipule que : « Tous les migrants qui traversent la Turquie pour rallier les îles grecques doivent être refoulés vers la Turquie », mais la lenteur des procédures administratives et les tensions entre la Turquie et l'UE font que rien ne change pour eux, ils sont toujours nombreux coincés sur les îles, pour nous qui passons les frontières aussi facilement il y a comme un problème.
Nous avons décidé de passer deux jours sur cette île pour découvrir quelques villages typiques et traditionnels. Nous ne sommes pas déçus, Pyrgi avec ses murs grattés aux motifs géométriques ou Vesa et Elata villages fortifiés avec leurs murs de pierre, tout est beau, les couleurs, l'architecture... Une autre particularité de cette île est la production de mastic, gomme à mâcher connue depuis l'antiquité dans le basin méditerranéen. La sèvre d'un arbre qui pousse sur cette île est récoltée, triée par les femmes dans les rues de Pyrgi à la main ou au tamis en produisant alors beaucoup de poussière blanche. Elle sert ensuite à confectionner du chewing-gum naturel Hollywood chewing-gum n'a rien inventé.
Notre nuit sera bercée par le bruit des vagues dans le port de Limenas à côté du cafè-restaurant après une douche prise dans une cabine de plage. Après une traversée de 3O minutes entre Chios et Cesmé nous voilà en Turquie. Les formalités sont vite expédiées, un coup de tampon sur le passeport et bonjour la Turquie.
Nous sommes hyper contents d'être là car au départ nous l'avions à peine évoqué, cela nous semblait trop lointain et après 4500 km et plusieurs milliers de mètres de dénivelé nous y sommes ! Nous avons relié l'orient avec toutes ses couleurs et ses ambiances.
Notre première nuit en Turquie ne se fera pas dans un camping comme nous l'avions imaginé en recherchant sur notre GPS car quand nous arrivons il n'y a rien, juste un terrain vague. Nous avons aperçu en passant un bar sur la plage. Il ne nous reste plus qu'a demander, pas de problème un espace nous est immédiatement proposé à l’abri du vent qui est violent ce soir-là . Une nouvelle nuit bercée par le bruit des vagues. Nous ne serons pas dérangés car les touristes ne sont plus là . Les grands complexes touristiques sont vides et éteints.
Nous démarrons la journée doucement par un petit bain, seuls dans la mer en pensant bien fort à vous tous qui nous suivez et nous faites part de vos impressions.
Nouveau pays, nouvelle monnaie, nouvelle gastronomie, nouvelle langue, nouveau breuvage le çay (thé) qui est une boisson très consommée, Nous sommes plongés 30 ans en arrière quand nous y avions passé nos vacances en fourgon avec notre petite Mathilde de 2 ans qui savait dire merci en turc pour remercier les personnes très attirées par sa blondeur qui la nourrissaient en bonbons et gâteaux. Nous étions accompagnés également de Mario, Laurent et Domino et nous essayions de dialoguer en turc avec les personnes que nous rencontrions, c'étaient de bonnes parties de fous rires. Et bien il y a des mots que nous n'avons pas oubliés et nous sommes contents de remettre notre lexique à jour pour échanger avec les habitants.
C'est dans la ville de Alaçati que nous sommes reçus par Cuneyt et Gülay, qui sont pourtant débordés car en plein déménagement. Ils nous proposent un petit appartement dans une autre maison, nous passons la soirée ensemble et dégustons de très bons vins turc en discutant en français puisqu'il a passé plus de 10 ans à Strasbourg. Alaçati est une petite ville de bord de mer, dont l'architecture est marquée par l'ancienne présence grecque. Les rues sont étroites, la décoration est soignée et elles sont bordées de nombreuses terrasses. Envahie pendant trois mois l'été, le reste de l'année elle est très agréable à vivre. Nous en profitons pour passer chez le coiffeur. Le soir c'est dans un bar-restaurant que nous nous restaurons avant le concert de jazz Sibel Kose Quartet d'Istanbul. Une soirée que l'on n'est pas prêts d'oublier.
Nous nous quittons samedi matin après un petit déjeuner local, le cœur un peu gros et partons découvrir l'autre Turquie car selon Cuneyt, il y a deux Turquie, celle du bord de mer, et celle que nous rencontrerons au centre du pays.
Nous nous dirigeons vers Ephèse, les premiers marchés sont riches en couleurs avec ambiance garantie. Ce sont nos derniers kilomètres le long de la mer.
Galerie de photos de Turquie
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